Suite et fin du chapitre 2Pluie, brouillard : Londres. La tension montait dans une maison bourgeoise du centre ville.
« Je t'avais dit de t'occuper de la réservation du restaurant !
- Mais m'man ! Tu avais dit que j'ai mauvais goût et que tu t'en occuperais toi !
- Tu aurais pu prendre l'initiative en voyant que je ne le faisais pas !
- M'man...
- Ryan ! Pourquoi tu n'as jamais fait comme ton frère ! Lui au moins savait toujours quoi faire !
- Mais m'man ! C'est pas la peine de me rabâcher ça ! C'est juste qu'on a jamais eu le même caractère !
- Prend exemple sur ce qu'il était !
- Si vous le désirez, mère.
- C'est déjà mieux.
- Certes, mais ma précédente façon de m'exprimer vibrait mieux avec mon Moi Profond, ô mère, dit-il avec un air volontairement bourgeois accentué jusqu'à l'exagération. De plus, je ne puis supporter une telle corruption de ma personnalité intrinsèque. Ayez pitié ! Et je te signale qu'Ali n'était pas comme ça quand tu n'étais pas là, ajouta-t-il exaspéré.
- Si !
- Si tu le dis... Bon on va mettre ça sur le coup de la phase « colère et sentiment d'injustice » du deuil. Je t'en veux pas.
- Traditionnel, c'est le mieux.
- Pardon ?
- Mais le menu du repas voyons ! Claqua-t-elle sèchement.
- Ouais... »
« Enfin je dois que je n'ai jamais été très à l'aise dans ce genre de situations » Non, ce n'est plus Ryan qui parle, au cinéma on aurait appelé ceci un « fondu ». Il faut toujours des effets de style intéressants. « Tu as pourtant l'habitude du meurtre ». La phrase resta en suspend. « Ce n'est pas pareil ». Pour une fois il faisait beau et très chaud. Beaucoup auraient troqué les mœurs contre un peu de blanc mais le noir est obligatoire, même en pleine chaleur. Un éventail claqua sèchement dans l'assemblée.
« J'ai toujours trouvé excitant ces jeux d'éventail...
- On s'excite comme on peu visiblement, Zip...
- Pardon ?
- Madame a fait un sarcasme, monsieur.
- Merci j'avais pas remarqué... et arrête de m'appeler Monsieur ! Je fais vieux crouton là !
- Arrêtez de vous chamailler et avancez vous deux »
Les gens se pressaient pour rentrer dans la petite chapelle. Le soleil tapait encore fort à travers les petits vitraux, des cierges s'ajoutaient à la lueur ambiante. La pierre sombre abritait des Maries, Jésus et divers saints au regard bienveillant. Le cercueil était ouvert, les gens se suivaient de plus ou moins près « Tu marches sur ma robe Zip... » pour un dernier au-revoir à Alister Fletcher et un baiser de condoléances à la famille. Il faisait frais, on ne l'aurait pas cru mort. Ils prirent place et la cérémonie commença. Des murmures indignés s'échappaient de devant pendant que tout le monde chantait à l'unisson au prêtre.
« Elle aurait pu faire quelque chose quand même !
- Mais maman !
- C'est à cause d'elle qu'il est mort !
- Non, c'était un accident !
- C'est ce qu'on dit ! Elle arrive toujours à faire passer ce qu'elle veut sous silence !
- Tais toi ! Ça ne se fait pas de parler pendant l'enterrement de son propre fils !
- Je suis sur que même toi tu la suivrais !
- M'man ! »
La cérémonie prenait fin. Des hommes fermèrent et clouèrent le cercueil et firent sortir la petite foule. Une femme trébucha sur des sacs de sable et jura à la sortie de la chapelle. Elle était en travaux. La mise en terre aurait lieu un peu plus tard dans l'après-midi, en attendant, tous se dirigeaient vers un restaurant. Au menu il y avait de l'aile de raie. Lara ne fit pas attention à un jeu de mot de la part de Zip. Winston lui, lui jeta un regard noir. « C'est digne de moi ça ! ». Un jeune homme venait d'arriver derrière Zip qui fit un grand sourire à Lara pour accompagner son « Ha ! Tu vois ! Je suis pas le seul ». Winston se demanda ce qu'il avait fait pour faire partie de ce monde de fou.
« Je m'appelle Ryan Fletcher, je suis le frère d'Alister.
- Je sais, je vous ai fait la bise tout à l'heure quand même, rétorqua Lara.
- C'est pas faux... enfin c'est pour vous prévenir que ma mère vous voit mal...
- T'as qu'à monter danser la flamenco sur la table Lara ! Elle te verra mieux !
- Je veux dire qu'elle vous voit d'un mauvais œil, continua Ryan sans prêter plus d'attention à Zip, pourriez-vous faire quelque chose pendant la mise en terre ?
- Allez-y, que proposez vous ?
- L'instrument préféré d'Alister était...
- Le violoncelle.
- Oui, pourriez-vous en jouer ?
- Si vous le désirez...
- Vous savez en jouer ?
- Puisque je suis d'accord c'est que je sais.
- Ha oui. Donc c'est d'accord ?
- Vous avez l'air à l'aise dites donc, fit remarquer la comtesse d'un air blasé.
- Oui, il faut dire qu'organiser un enterrement, ce n'est pas vraiment mon train-train quotidien, dit-il en se grattant la nuque »
Lara et Zip se turent, ceci leur rappelait quelque chose. Ils replongèrent tristement leur fourchette dans leur raie et Ryan parti, visiblement soulagé. Le déjeûner se produisit sans trop d'embrouilles. Un smoking noir reçut juste de la sauce blanche, ce qui fut problématique pour cette homme car ces tâches grasses partent mal.
Tous retournèrent à la chapelle. La dame trébuchante fut ravi de constater que l'on s'était soucié d'enlever les sacs de sable, ça faisait bien mieux comme ça. La famille prit le cercueil et la procession se mit en marche vers le cimetière proche. Le silence était pesant. La tristesse avait étendu sa bulle hermétique tout autour de la file. Il s'en trouva une pour percer la bulle, il y a toujours une personne comme ça, il y a toujours une mère râleuse « Ha ! On les paye grassement et ils arrivent quand même à oublier un clou ! ». Le silence retomba et ils arrivèrent. Tous se mirent sagement autour du trou. Un orchestre était prêt à jouer la musique pour la cérémonie, en retrait. Lara y prit part en s'installant derrière un violoncelle.
La mise en terre se déroula comme toutes les mises en terre. Tandis que tous repartaient tristement, Lara alla trouver Ryan.
« Excusez-moi.
- Oui ?
- Vous faites bien la même chose que votre frère ?
- Non, moi je vis.
- Je veux dire, dans la vie, vous faites sensiblement les mêmes études ?
- En gros oui.
- Vous les avez fini ?
- Presque, pourquoi ?
- Je pense que l'on peut se fier à votre famille.
- Merci, mais encore ?
- Voudriez-vous venir chez moi, pour une période d'essai ?
- Travailler pour vous ?
- Vous auriez besoin d'un hébergement et d'argent pendant votre thèse, non ?
- Non, je pense pouvoir m'en sortir.
- Au cas où vous changiez d'avis, tenez, dit-elle en sortant une petite carte.
- Merci beaucoup, j'y penserai.
- Ce fut un plaisir de vous rencontrer.
- Moi de même »
Il regarda la légendaire Lara Croft s'éloigner dans sa somptueuse robe. Jamais il n'aurait imaginé prendre la succession de son frère, surtout que pour lui, le poste était à son frère et ne pouvait revenir à personne d'autre, même lui. Mais il n'aurait jamais pu imaginer non plus tout ce qui allait lui arriver. Si il l'avait su, il aurait sûrement fuit en courant sur une île déserte, loin d'ici. Mais il faut que tout arrive, même les choses les plus improbable. Les dieux aiment jouer avec les humains, il aurait pu imaginer entendre un roulement de dés puis un « Oh ! Un six, bien joué ! Je me demande ce que vous allez tirer comme carte maintenant » si il avait été plus imaginatif.
Il rentra chez lui, épuisé, puis dû se remettre à ses études. Dans la semaine qui suivit, il les acheva et se lança dans sa thèse. La vie semblait prendre un cours normal jusqu'à ce qu'il reçoive un appelle téléphonique en pleine nuit. « J'ai une demande à vous faire... ».
Bon, les deux chapitres d'introduction sont finis, reste plus qu'un à moitié d'intro et qui continuera de lancer l'intrigue ! Pour les intéressés de ce que chante Lara, la version chantée se trouve ici :
http://www.youtube.com/watch?v=oi2dO5fElXw