Merci
Voilà le chapitre 4 qui m'a donné des maux de tête
Clara, j'attend ton texte (tu y échappera pas
)
Chapitre 4 Université de New York/ Bureau du professeur Roland Pour Kurtis, Antoine Roland était loin de ressembler à l’archétype du professeur d’université qu’il s’était imaginé. Pas de barbe longue ni de cheveux blancs, pas de petites lunettes strictes ni de vêtements démodés. Il n’avait rien du chercheur décrépi et aigri ou du vieux maître de chaire impotent. Bien au contraire. Jeune, la quarantaine à peine, une carrure d’athlète et l’allure chic, l’homme d’origine française avait plus l’air d’un aventurier que d’un rat de bibliothèque. Et à en juger par le gloussement aigu de la secrétaire qui leur avait indiqué le chemin de son bureau, son sourire de star, au blanc éclatant, devait en faire soupirer plus d’une sur le campus.
Lara, quand à elle, n’avait même pas relevé ce détail. Pour tout dire, elle n’avait pas encore vraiment observé leur hôte. Encore sur le seuil de la porte d’entrée, elle laissait son regard parcourir chaque centimètre carré du bureau, une lueur avide dans les yeux. Des dizaines d’objets anciens, masques tribaux, reliques antiques et armes diverses, de toutes civilisations, recueillis aux quatre coins de la planète, s’entassaient dans la pièce, accrochés aux murs ou posés sur des simples étagères.
Malgré leur nombre, le bureau ne paraissait pas surchargé.
Le professeur s’approcha de Lara qui dut faire un effort pour s’arracher à la contemplation du bureau. Pour la première fois, elle dévisagea l’homme avec attention. Un visage séduisant aux yeux clairs, de courts cheveux blonds…
L’homme avait un charme certain.
Antoine Roland lui sourit, découvrant une rangée de dents parfaites.
« Bienvenue, Miss Croft. Je vois que ma décoration vous intrigue. »
« Votre collection est impressionnante. » répondit prestement la jeune femme. « J’avoue que j’en vois rarement d’aussi vaste et de cette qualité… »
« C’est mon métier, Miss, je ne vis que pour ramener et déchiffrer ces reliques du passé. J’ai pas mal voyagé, surtout pendant les dix dernières années. Ceci n’est qu’un aperçu…. »
Il eut un petit rire, ponctué d’un petit clin d’œil complice et se tourna vers Kurtis.
« Et vous, vous êtes Mr… ? »
« Trent. » fit le chasseur de démon en lui tendant la main dans une solide poigne.
« Kurtis est de confiance, » intervint Lara, « comme je vous l’ai déjà dit au télé phone. »
« Je n’en doute pas…Sinon, il ne vous accompagnerait pas aujourd’hui, j’imagine. Excusez ma curiosité mais…Que faites-vous dans la vie, Mr…Trent ?»
« Je suis mercenaire. » répliqua le jeune homme, en soutenant son regard et en s’efforçant de garder un ton naturel.
L’étonnement traversa brièvement le visage du professeur, avant de s’effacer rapidement pour laisser place à un petit sourire satisfait.
« Mercenaire, vraiment ?...Très bien, voilà qui devrait m’arranger alors. »
Ce fut au tour de l’ancien légionnaire d’avoir l’air surpris. Il tourna la tête et croisa brièvement le regard de Lara, pour y trouver une explication, mais ne lut que de l’incompréhension dans les yeux de son amie.
« Laissez-moi donc vous expliquer pourquoi je vous ai demandé de venir, Miss Croft. » fit Roland en les invitant à s’asseoir d’un geste de la main. « Puis-je vous offrir quelque chose ? Un café ? Un thé, peut-être ? »
Les deux aventuriers déclinèrent poliment la proposition et s’installèrent dans les confortables fauteuils face au bureau. Lara avait quelque mal à rester calme et devait s’efforcer pour ne pas trahir son excitation. Elle avait vraiment hâte de connaître le but de leur visite.
Près d’elle, le professeur se servait une tasse. Cet homme l’intriguait également. Le monde dans lequel il se bougeait correspondait au sien. Il avait des mains calleuses, signe de les avoir utilisées sur le terrain. Ses manches remontées laissaient entrevoir des vieilles cicatrices sur ses avant-bras. Visiblement, ce type n’était pas du genre à rester cloîtré dans son bureau …
Elle l’observa verser le café avec des gestes précis et le remuer lentement, avant de se retourner. Il fit le tour de la table, posa sa tasse fumante et s’assit en face d’eux.
« Bien, » commença-t-il, « vous avez donc entendu parler du vol des Trois Parques. »
Lara et Kurtis échangèrent aussitôt un bref regard. Leurs soupçons se trouvaient à présent confirmés.
« Le contraire aurait été impossible. » répliqua l’aventurière, « cela fait les gros titres des journaux. »
« Oui, l’affaire fait beaucoup de bruit malgré le fait que la police tente de dissimuler le peu d’informations dont elle dispose. »
« Et vous, vous savez quelque chose qu’ils ignorent ? »
« Exact… Les tableaux sont la clef de cette histoire. Le thème des Trois Parques est récurrent et il ne s’agit pas d’une coïncidence. »
« D’après les journaux, la police doit suivre également cette piste. » objecta Kurtis.
« La police cherche un simple meurtrier…Sûrement un collectionneur dérangé… mais cette histoire est bien plus compliquée qu’il n’y parait.»
Roland attrapa un porte-document sur son bureau et en sortit une photo. C’était une reproduction en noir et blanc du tableau volé. Il l’étala sous leurs yeux et laissa son doigt courir dessus.
«Je suppose que vous connaissez les Parques… Dans la mythologie grecque, elles sont les filles de Jupiter et Thémis, la déesse de la Justice. Ce sont les divinités maîtresses du sort des hommes. A droite, Clotho la Fileuse, qui garde et manipule le fuseau sur lequel se déroule le fil de l'existence. A gauche, Lachésis, la Fatidique, elle tient le sablier mesurant le temps imparti à chaque individu. Et au centre, Atropos, l'Inflexible, celle qui préside à la destinée de chacun, jusqu'au moment de la mort où elle coupera le fil de la Vie de ses ciseaux tranchants. »
Le professeur s’interrompit brièvement avant de poursuivre.
« Elles président aussi à la naissance des hommes. Enfin, elles sont chargées de faire sortir du Tartare les héros qui osent y pénétrer et de les ramener dans le monde des vivants. »
Près de Lara, Kurtis eut un petit toussotement discret. Aucun doute, il devait penser la même chose qu’elle. Plus les secondes passaient et moins elle comprenait ce qu’ils faisaient ici.
« Mr Roland, » l’interrompit-elle. « Vous ne nous avez pas fait venir pour nous donner un cours de mythologie, pas vrai ? Et si nous en revenions aux vols ? Quel est le rapport avec celui du Louvre ? »
L’interpellé éclata de rire.
« Franche et directe, j’aime ça. »
Il croisa le regard de l’aventurière, qui soutint son regard. Mais maintenant un soupçon se dessinait dans ses yeux, sous ses sourcils froncés, ce qui lui fit l’effet d’une douche froide.
Il se racla la gorge, hésitant, comme s’il cherchait ses mots.
« Il n’y a pas eu de vol au Louvre. » déclara-t-il finalement. « Ce tableau, c’est moi qui l’ai. »
Un silence pesant s’installa dans la salle. Lara et Kurtis le fixaient sans rien dire, encore sous le choc. Devant l’air ébahi de ses deux visiteurs, l’homme continua.
« Rassurez-vous, j’ai une bonne raison pour l’avoir fait. Et avant que vous me posiez la question, je n’ai rien à voir avec l’affaire du Metropolitan. Si je suis intervenu à Paris, c’est pour empêcher que le tableau soit dérobé également. »
« Vous savez donc qui est le responsable ? »
Roland acquiesa doucement.
« Il y a déjà une vingtaine d’années, j’ai passé ma thèse en France sous la tutrice d’un homme, Rémi Thailler. Un homme très intelligent, passionné comme moi par toutes les légendes mythologiques. Nous étions deux à travailler avec lui, à l’accompagner partout dans le monde. L’autre thésard s’appelait Alexandre Amiraux… Il y a six mois, Rémi nous a confié avoir découvert quelque chose, mais il refusait de nous dire de quoi il s’agissait…D’après lui, c’était beaucoup trop dangereux, mais il n’est pas entré dans les détails. Je pense qu’il avait l’intention de le faire mais il n’en a pas eu le temps… »
« Que voulez-vous dire ? »
« Dans la version officielle, il est décédé dans un accident lors d’une fouille alors que nous étions en France il y a trois mois. Il est tombé dans une sorte de faille.»
« Mais il ne s’agit pas d’un accident? » intervint Kurtis.
Dans la voix de l’ancien mercenaire, Lara devina le doute et la méfiance. Elle-même restait perplexe et observait leur hôte avec attention. En quelques secondes, dans son esprit, Roland venait de passer de professeur à possible suspect. Et maintenant…elle ne savait plus trop quoi penser. Cette affaire se compliquait maintenant. L’homme avait l’air sincère…mais c’était peut-être une simple façade.
Le professeur fronça les sourcils et secoua la tête.
« Je ne suis pas sûr de ce qu’il s’est passé exactement…Juste des soupçons…Alexandre se trouvait avec lui lors de la chute. Il a dit que Rémi avait glissé et qu’il n’avait pu intervenir. Rémi était un homme expérimenté et averti. Je doute que cela ait pu se passer de cette manière. Je pense qu’Alexandre l’y a tout simplement poussé. Malheureusement, l’affaire a été vite classée, il n’y a pas eu d’enquête. Un peu après la mort de Rémi, j’ai eu accès à ses archives complètes. Ses dernières recherches concernaient surtout la mythologie des Parques. Une étude somme toute assez banale, mais assez poussée, jusqu’à ce que j’en comprenne le motif. Ce trésor qu’il disait avoir découvert était en fait trois artefacts puissants… »
Il s’interrompit brièvement et tapota la table du bout des doigts avec nervosité.
« Ces reliques étaient en fait le fuseau, le sablier et les ciseaux…les attributs des Parques…»
Les deux aventuriers se redressèrent à l’unisson sur leurs sièges.
« Pardon ? Vous dites ? »
« Ils ont été longtemps considérés comme une légende. Une simple représentation allégorique du Destin et de la Mort. Mais je peux vous assurer une chose…ils existent. Rémi les avait découverts…ainsi que le danger qu’ils représentent…
« Un danger ? »
« Dans les légendes mythologiques, les Parques décident de la destinée des Hommes, elles décident de leur naissance, de leur existence et de leur mort. Celui qui possédera leurs outils s’appropriera leurs pouvoirs. »
« Vous voulez dire… » commença Lara, qui commençait à comprendre.
Roland hocha la tête énergiquement.
« Que celui qui aura le pouvoir des Trois parques aura pouvoir de vie et de mort sur tous les hommes. Il pourra contrôler l’humanité toute entière… »
Face aux déclarations du professeur, Lara resta un moment interdite. Après toutes les aventures qu’elle avait vécues, elle était prête à croire à son histoire. Si l’Atlantide existait, si le dieu Seth s’était réveillé d’entre les morts…alors quelque part dans le monde, dans quelque tombe, entre deux ruines, ces reliques devaient reposer...
A présent, la jeune femme sentait bouillir son sang dans ses veines.
« Et votre ancien collègue, Amiraux, a également découvert ce secret ? » continua Kurtis.
Décidemment le jeune homme semblait bien plus réservé qu’elle sur cette affaire.
« Oui, j’imagine qu’il a réussi à faire parler Rémi puis qu’il l’a éliminé ensuite…A ce moment là, je n’aurais jamais douté qu’il puisse être responsable de sa mort. Puis il y a quelque temps, Alexandre m’a dit qu’il comptait partir pour Paris, qu’il avait de grands projets…Quand j’ai réalisé ce qu’il avait en tête, mon premier réflexe a été de cacher les peintures pour éviter qu’il ne les vole. J’ai sauté dans le premier avion et j’ai récupéré la peinture. Ca a été facile, j’ai les codes d’accès du Louvre. J’y ai travaillé quelques temps quand je vivais encore en France. Après je suis revenu à New York mais je suis arrivé trop tard. Alexandre m’avait devancé au Metropolitan. »
« Comment pouvez-vous être sûr qu’il s’agisse de lui ? »
« A ma connaissance, Rémi n’avait parlé qu’à nous deux. Et depuis notre conversation, je n’arrive plus à le joindre. Il a…disparu…Téléphones, adresse…plus rien ne marche… »
« Et à propos des artefacts? » demanda Lara « Vous savez où ils se trouvent ?Et comment les utiliser? »
« Non, tout n’est pas si simple. J’ignore même si Rémi le savait. En revanche, il savait comment les trouver. Lors de ses recherches, il a découvert un plan marquant l’emplacement, mais il l’a caché en trois parties sur les trois tableaux représentant les Parques. »
« Mais…comment a-t-il fait ? Et pourquoi les Trois Parques justement ?»
« Rémi était très connu…Il avait accès à tous les musées du monde. Il a du choisir ces tableaux puisqu’il était plus logique pour lui de s’intéresser aux tableaux de mythologie qu’autre chose…Ensuite, Rémi était un homme très attaché aux symboles…J’imagine que cela a du influencé son choix. »
« A moins qu’il n’ai voulu facilité la tâche à quelqu’un pour les retrouver ? » avança Kurtis, l’air méfiant.
« Mr Trent, Rémi avait découvert le pouvoir de ces artefacts et il était parfaitement conscient du danger qu’ils représentaient. Alexandre est beaucoup trop ambitieux et lui en parler a été une grave erreur. J’ai mis du temps à retrouver la trace de ces plans. Si Rémi a voulu laissé un message, j’imagine qu’il m’était destiné puisqu’il ne pouvait faire confiance qu’à moi. »
« Mais Amiraux a quand même réussi à les retrouver lui aussi. » objecta le jeune homme.
« C’est un homme malin et très intelligent. J’ignore comment il a fait.»
« Mais… »
Lara posa la main sur le bras de Kurtis pour le calmer et éviter de possibles éclats de voix inutiles.
« Est-ce que le veilleur de nuit a un rôle dans votre histoire? » fit-elle, pour changer de conversation.
« Je l’ignore. Dans sa course au pouvoir, Alexandre ne semble pas s’embarrasser pas de gêneurs et opte souvent pour une méthode expéditive…Peut-être que le malheureux s’est tout simplement trouvé au mauvais endroit au mauvais moment… »
« Ou alors ? » demanda Kurtis.
« Ou alors il a aidé à s’introduire dans le musée. »
« Peut-être les a-t-il seulement surpris ? »
« Ca n’est pas impossible. Il n’y a eu aucune trace d’effraction. Alexandre est fort mais pas n’a pas de pouvoirs surnaturels…encore. Il a donc bénéficié d’aide. Je me suis renseigné. Et pour accéder à cet endroit restreint, seules deux personnes ont pu l’y aider…soit le veilleur, ce Dean Karell, soit le conservateur Jonathan Harrold, responsable de cette exposition. »
« Je vois…Et que vous voulez-vous exactement que je fasse ? » demanda la jeune femme après un instant de réflexion.
« Retrouver ces artefacts. Et pour cela, récupérer les peintures qui permettent de les localiser. Quand j’aurai les artefacts, je me chargerai moi-même de les détruire ou du moins à les neutraliser à tout jamais. »
« Pourquoi faire appel à moi ? »
« Miss croft, votre réputation dans le monde de l’archéologie n’est plus à faire. Tout le monde vous connaît. Votre prix sera le mien.»
La réponse ne fut pas longue à attendre.
« D’accord, j’accepte. Mais je ne demande pas d’argent.»
« Que demandez-vous alors ? »
L’archéologue réfléchit un moment.
« Si jamais vous réussissez à neutraliser les artefacts sans les détruire, je veux les garder. »
« Je savais que vous me diriez quelque chose de la sorte… » fit le professeur en souriant. « Et cela me semble juste...Bien, votre prochaine destination sera l’Espagne. La priorité est de récupérer le tableau manquant. Il s’agit de « Las Parcas » de Goya. Il est dans une des galeries du Prado, à Madrid. Il y a un vol direct pour la capitale demain matin, à la première heure»
« Vous voulez donc que je vole ce tableau ? »
« Oui….L’objectif suivant sera de reprendre ce que Alexandre s’est approprié. »
« Vous savez où il est ? »
« Je l’ignore. »
« Peut-être que le veilleur savait quelque chose, s’il est impliqué. Ou le conservateur… Harrold, c’est ça ? »
« Bonne idée… » approuva Roland. « Mais si vous voulez fouiller l’appartement de Karell, vous devrez faire très attention…La police doit surveiller l’endroit. »
Un large sourire s’afficha sur le visage de l’aventurière.
« Ca, ce n’est pas un problème. »