Des cartes. Des écrits anciens. Des vieilles reliques. La faible lueur d’une ampoule basse consommation. C’est mon quotidien en ce moment. Des semaines que je suis là-dessus, et j’ai la sensation de n’avoir pas avancé d’un pouce. Mes yeux tentent de parcourir le tracé côtier d’une île du Pacifique, et mon esprit est encore dans cette grotte, ligoté la tête en bas au milieu de tous ces morts. Mon regard glisse sur les mémoires d’un ancien garde-tempête, et je me revois enfoncer mon piolet dans le crâne d’un colosse assoiffé de sang. J’ai beau tenir un masque de jade antique, je ne sens sous mes doigts qu’une boue imbibée de sang. Je ne sais même plus sur quoi je travaille. Parfois, j’oublie presque où je suis, ou même QUI je suis. Et parfois, je ne m’en souviens que trop bien. Un bruit sur mon palier. Avant même de m’être posé la moindre question, je sens entre mes doigts le contact rassurant d’une batte de baseball et je suis dans le couloir, tapie dans les ombres. Ça ne me tranquillise pas pour autant, car je n’ai pas l’impression d’y être seule. Il est toujours là, les babines dégoulinantes de bave et prêt à bondir derrière chaque recoin. Il a l’avantage, mon odeur est pour lui un phare dans la nuit. J’ai déjà tué le loup une fois, je lui ai enfoncé une flèche dans la gorge et j’ai couru vers la surface comme si il était encore sur mes talons prêt à me mettre en pièce. Mais ça n’a pas suffi, il revient encore et encore me traquer dans mes rêves, accompagné de la cohorte de monstres, de bêtes sauvages et d’êtres humains qui ont tenté de prendre ma vie sur cette île, et auxquels j’ai survécu. Et maintenant, je perçois leur présence même lorsque je suis éveillée, semble-t-il. A croire que mettre un terme à leur existence était le pire moyen de leur échapper. Je perds vraiment les pédales, il faut que je me reprenne. Dire qu’avant je n’avais jamais eu peur du noir … Petit à petit, pas après pas, je suis parvenue jusqu’à la porte et jette un œil à travers le judas. Je tressaille, terrorisée. Himiko, la Reine Solaire ! Elle est revenue pour se venger ! Et puis je me cogne le front contre la porte en me traitant d’idiote. J’ai trop regardé de films d’horreur japonais. C’est Sam, bien sûr. Elle a l’air inquiète, elle n’ose pas frapper ni utiliser le double des clés que je lui ai donné. Depuis combien de temps ne l'ai-je pas vue ? Une semaine et demi ? Deux semaines ? Je perds la notion du temps, entre ses quatre murs. « Lara, tu es là ? » demande-t-elle à travers la porte. « Quelle question, où tu serais d’autre ? Je suis sûre que tu n’es pas sortie depuis ma dernière visite. » Je ne sais pas si je suis plus heureuse ou paniquée à l’idée de la voir. Comme à chaque fois, je suis comme foudroyée en réalisant subitement à quel point elle m’a manqué et combien j’ai envie de la serrer dans mes bras, mais … Maintenant ? Dans ces conditions ? J’ai honte de l’état dans lequel elle va me trouver, et je sais déjà tout ce qu’elle va me dire alors que, résignée, je pose la batte et allume la lumière, puis tourne enfin la poignée. Je la sens aussi indécise que moi alors que nous nous faisons face. Est-elle aussi perdue dans ses émotions et ses sentiments ? Je vois finalement l’inquiétude gagner la bataille sur ses traits, alors qu’elle pose les mains sur mes joues en murmurant « Ho, Lara, il faut que tu te reprennes en main. Regarde-toi ! - Je fais encore plus de sport qu’avant. » m’entends-je répondre telle une gamine prise en flagrant délit en train de faire une bêtise. « Tu fais des pompes et des tractions. Je suis sûre que tu ne sors même pas de chez toi pour un jogging. Regarde-toi, tu es pâle comme un spectre … » Elle se tait et détourne le regard. Je sais à quoi elle pense, mais je ne vois rien à lui dire pour la rassurer. Elle ne m’en laisse pas le temps de toute façon, et entre sans y être invitée, presque en me bousculant. « Et je suis sûre que tu ne manges que des plats à emporter livrés à domicile. Regarde-moi ça, tu ne peux même pas le cacher ! » ajoute-t-elle en attrapant d’une main un carton de pizza et de l’autre une boîte de nouilles chinoises que j’ai laissés traîner dans mon bureau. Je détourne les yeux. Je n’arrive pas à la regarder en face, lorsqu’elle est en colère, et en même temps je sais qu’elle est plus inquiète qu’énervée. Elle attrape à nouveau son visage, et je vois que l’énervement a quitté son regard, mais elle semble toujours affligée par ce qu’elle voit. Elle pose le pouce sur un de mes cernes et ajoute « Tu ne dors plus, tu manges mal, tu ne sors pas de chez toi … Et pas de bol, ta meilleure amie n’est pas là pour arranger les choses. » Je lui jette un regard éberlué, et elle me répond par un de ses sourires si rayonnants, dont la lumière semble percer à travers les brumes de mon esprit. Elle ouvre son sac à dos et en sort une bouteille de whiskey de luxe. « Ce n’est pas exactement un repas équilibré, et on ne va pas bouger d’ici. Mais au moins je vais m’assurer que, pour ce soir, tu oublies un peu tes recherches et que tu sois suffisamment assommée par l’alcool pour faire une nuit complète. »
Voilà voilà, je viens juste d'arriver et je lance déjà une fanfic, mais cette histoire me trotte dans la tête depuis bien trop longtemps et je me suis dit que ce serait le parfait endroit pour la poster. Ce n'est évidement qu'un début, mais ça pose déjà quelques bases comme le fait que je souhaite me concentrer beaucoup sur la psychologie. Comme vous devez déjà avoir compris si vous avez lu cette introduction, l'histoire se situe après le reboot de 2013. Vu qu'il entrera sans doute en contradiction avec la suite annoncée, autant le considérer comme une suite alternative. Quoiqu'il en soit, j'espère que vous apprécierez de me lire, et quel que soit votre avis, n'hésitez pas à le partager.
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Dernière édition par Yamatai le 11 Jan 2015, 07:28, édité 2 fois.
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