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Annoncé, repoussé, annoncé, repoussé... On a bien cru ne jamais voir le bout de cette attente interminable. 3 ans ! Il a fallu attendre 3 ans avant de pouvoir retrouver Lara sur nos PC ! Jouant avec nos nerfs comme jamais, Eidos n'a eu de cesse de distiller quelques infos sur ce nouveau jeu, afin sûrement de mieux faire passer les douloureuses annonces des multiples dates de sorties sans cesse décalées. Mais ça y est, cette fois c'est la bonne, Tomb Raider : l'Ange des Ténèbres est bien disponible et on peut enfin vérifier par nous-mêmes si cela valait effectivement le coup d'attendre ce sixième épisode de la série. Au risque de casser l'ambiance d'entrée de jeu, on va dire que non. L'Ange des Ténèbres serait sorti il y a deux ans, cela aurait été pareil et tout ce que l'éditeur annonçait comme porteur de renouveau dans la série ne sert finalement pas à grand chose.
Outre un scénario plus sombre et bien plus travaillé que par le passé (Lara est accusée du meurtre de son mentor Werner Von Croy et se voit donc recherchée par la police mais aussi par des forces occultes) le jeu renoue avec une grande partie des tares qu'elle traînait depuis quelques épisodes déjà. Lara n'est-elle pas supposée être une athlète confirmée ? Si justement, et pourtant l'impression de se trimballer un boulet est toujours présente. On nous promettait une maniabilité bien plus souple, on se retrouve avec exactement la même chose qu'auparavant. Les animations de la belle sont une nouvelle fois incroyablement poussives. Il faut toujours la placer au bon endroit pour réaliser des sauts, bien entendu calculés au millimètres près. Lorsqu'elle marche, elle prend subitement des allures de robot naviguant sur un jeu d'échec. C'est pas du case par case, mais ça y ressemble ! Honnêtement, comment un jeu qui a posé les bases de tout un genre a pu stagner autant de temps et ne pas remettre en question ce que tout le monde a tant décrié ? (rappelons que le premier Tomb Raider était à l'époque une vraie révolution) Comment est-il encore possible de proposer une maniabilité aussi horripilante lorsqu'on sait que la jouabilité reste la pièce centrale d'un bon jeu ? J'ai beau y réfléchir, l'acharnement des développeurs dans ce domaine me laisse perplexe.
Pour les nouveautés qu'on nous annonçait, il y a de quoi être bien déçu. Concernant les aptitudes de Lara qui devaient évoluer au fur et à mesure du jeu, il y a vraiment de quoi rire. Vers le début, l'héroïne refusera de s'agripper à une corniche, prétendant ne pas être assez forte. Deux minutes plus tard, alors qu'elle vient de forcer un petit cadenas à l'aide d'un pied de biche, là voilà qui dit à haute voix « Je me sens plus forte » et qui accepte par la suite de s'agripper à la fameuse corniche. Non, mais c'est du grand n'importe quoi ! Et des exemples comme celui-ci, on en trouve tout au long du jeu. Tenez, en voilà un autre : après avoir poussé une caisse et musclé ses grosses cuisses, Lara accepte enfin de sauter par dessus un grand trou ! En gros, pas de caisse, pas de saut ! Quelle arnaque ce truc. Au lieu d'une amélioration, on se prend plutôt un méchant retour en arrière dans la face pour atterrir aux pays des jeux linéaires qui vous obligent à réaliser une succession d'actions dans un ordre précis. Bref, le cheminement dans les niveaux reste une nouvelle fois très lourd et surtout très dirigiste.
Pourtant, les premières heures de jeu pourraient laisser penser le contraire. On se retrouve en effet bien vite livré à nous même, perdu dans un quartier parisien, complètement vide soit dit au passage. Avec plusieurs bifurcations et une petite dizaine de lieux à visiter, on se croirait presque dans un jeu d'aventure. D'autant qu'il est possible de taper la causette avec les rares personnes rencontrées. Cependant, force est de constater que l'on est bel et bien fixé sur des rails et que l'aventure ne laisse jamais de choix quant à la méthode de progression. Il faut faire comme les développeurs ont prévu et pas autrement. Pour résumer, vous devrez aller voir untel qui vous aiguillera sur un autre, puis sur un troisième afin de récupérer la clé qui ouvre la porte verrouillée depuis le début du niveau. Bonjour la durée de vie artificiellement gonflée !
Mais L'Ange Des Ténèbres ce n'est pas simplement une maniabilité archaïque et une trame linéaire, c'est aussi un festival de bugs ! Tant sur le plan graphique que sonore, le titre accumule les bourdes et va crescendo dans le n'importe quoi. Ca commence mollo avec des objets qui flottent au dessus du sol pour terminer par des bouts de Lara qui disparaissent (le plus souvent, c'est une jambe qui s'efface). Au niveau son, la balance est pitoyable. Sans remettre en cause le travail d'acteur (qui n'a jamais été fabuleux dans la série mais qui s'améliore un peu pour ce volet), on ne peut que s'énerver lorsqu'un dialogue démarre. Au début de l'aventure, impec, tout va bien, on entend parfaitement ce qu'il se dit. Passé le premier niveau, on perçoit un changement de balance et ensuite plus rien. On n'entend absolument plus aucune voix. Gros bug ou conflit dans la configuration ? Impossible de le savoir. Cela prouve en tout cas que le titre n'est pas des plus stable et qu'une phase de bêta test plus approfondie aurait sans doute été profitable.
Sans revenir sur les bugs graphiques évoqués plus haut, on peut encore trouver à redire sur l'esthétique du titre. Si un effort a clairement été fait pour proposer des thèmes plus fouillés qu'avant, on retrouve encore une fois l'aspect cubique des anciens titres. Les passerelles, les couloirs, les toits, sont toujours aussi droits et on en viendrait presque à croire que les niveaux ont été modélisés à partir de briques de LEGO ! Je pourrais continuer encore longtemps sur le cas de l'Ange des Ténèbres (les combats complètement ratés, l'aspect infiltration ridicule, les cinématique affreuses...), mais je pense que je vais m'arrêter là. Ah oui, une dernière chose pour conclure. Vous vous demandez sans doute pourquoi je ne parle pas de Kurtis Trent, le second personnage jouable annoncé par Eidos ? Et bien, c'est tout simple, il n'apporte rien au titre et se contente lui aussi d'être un boulet. A la sortie du cinquième épisode, on se demandait si Eidos avait bien fait de « ressusciter » son personnage fétiche, maintenant on est fixé.
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Leeloo Tut Ubasti.
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